CAR NOUS NE SOMMES MÊME PAS CURIEUX DE VOIR DANS QUEL ÉTAT RESSORTIRA L’UNIVERS APRÈS AVOIR ÉTÉ SECOUÉ DANS NOTRE SHAKER

On décapite le ver de terre. On coupe on mate à tranchant vif au cou. Pour que plus jamais il n’y ait ces sortes de ressassements obséquieux, aussi pauvres soient-ils.

On coupe on latte on lime on fait ce qu’on veut mais on détruit on rase on éradique cette populace qui manque d’autonomie, qui va toujours a minima deux par deux, bras dessus bras dessous, qui main sur la tête de l’autre, qui main sur le pied de l’autre.

Comme cul et chemise, en se coordonnant.

Comme si on leur avait demandé de poser là, en fin de vers. Ils veulent faire joli, ils veulent être là, en dépit de tout, pour nous être agréables.

C’est ce qu’ils disent, ces fumiers, quand on leur demande qu’est-ce que tu fiches ici, toi ? Et ton pote, mec, pourquoi il se marre ? Ce sourire niais, là, en quel honneur ? Vous vous moquez de moi ? Je vous fais rire ? Je vais vous éclater les gars. Je vais prendre une tête pour exploser l’autre dessus… Je vais vous éclater sur le premier trottoir que je trouverai dans le coin.

Je vais leur faire la peau, aux rimes, les faire s’entre-trahir avant de définitivement les faire taire.

Pour expédier la vérité avec elles, j’ai souvent dit du moindre propos qui me tendait la joue : « Si ça rime c’est que c’est vrai ». J’avais prémédité mes coups. Rimes, vérités, même combat.

Ça, c’est dans le cas où je ne la joue pas finement. Si, à un moment donné, je me sens capable de faire preuve de retors, je m’y prends autrement : je dépareille la rime, je la rends boiteuse, je l’estropie, je la rends veuve. J’instaure la dissension.

On peut trucider l’une des terminaisons nerveuses de ce lombric assommant, on peut aussi sournoisement l’éloigner de sa soeur : pour ce faire, soit on la reporte au milieu du vers, soit on la reporte dans un autre vers (indifféremment au début, au milieu ou à la fin)
Bancalisation du texte rimé : privé de rimes, il ne rime plus, il est handécapé, récuré, enfin à vif.

Tout fait d’insuffisances, perclus des réclamations de ses rimes amputées, il crie : rendez-moi mes rimes, je souffre le martyre, vous m’avez renversifié, vous êtes des ordures !
_______________________________________________________-------------------------
__________________________________

Ce que j’écrirai un jour me traitera d’ordure, me reprochera son désordre, ses blessures, mon vandalisme. Les petites vérités enjolivables feront sans doute place à la vérité pelée, moche et nette.

collectifDRU

Vous devez être un utilisateur enregistré du site pour pouvoir commenter les articles

Derniers textes

Derniers commentaires

  • .

    Stecha.old 02.06.2015 08:03
    RE: .
    La confiture à poète c'est la tendresse du monde ou la crème de la Ligoudille.

    Lire la suite...