Le chef cuisine avait bien le projet de faire des flammes.

Il l’avait négligemment confirmé à l’organisation qui lui avait avec légèreté mais précaution posé la question : est-ce que vous avez l’intention de faire flamber quelque chose là-bas ?

Il avait répondu qu’oui. L’organisation l’avait noté, consigné, retenu, ce oui, pour tout mettre en place pour éviter un accident. L’important était de retenir qu’oui il avait bien l’intention de faire des flammes durant l’événement.

Ce chef cuisine était le seul à pouvoir animer les assiettes, réunir les fines bouches autour d’un autodafé gourmet, bref casser la baraque. C’était lui ou rien.

Le lieu en a été informé, qu’il y allait y avoir des flammes pendant l’événement, précisément au moment du repas, à cause du chef cuisine. Le lieu demanda : à quel moment du repas ? La question n’ayant pas été si précisément posée au chef cuisine, il a bien fallu que l’organisation retourne le voir : à quel moment du repas projetez-vous de faire des flammes ?

Et là le chef cuisine a fondu en larmes. Et il a dit, plus tremblant qu’une jelly prise de haut mal, au moment du dessert. Je compte bien faire des flammes au dessert.

L’organisation a jugé qu’il fallait peut-être le préserver, ce chef cuisine, qu’il était trop émotif, qu’il était fragile-en-ce-moment, que le jour J si on lui foutait la paix il aurait sans doute quitté cet état de sursensibilité à son environnement et qu’alors seulement on aurait des chances de sortir en vie de ce dessert flambant à nos risques et périls.

Le jour J est arrivé : au moment du dessert, le chef s’est mis au centre du buffet, il s’est positionné en poirier, tête à l’envers sur une sorte de panier suspendu au-dessus du vide.

Il mit le feu à une mèche qu’il s’était installée au sommet de la tête et il partit en fusée.

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